L’adolescence se caractérise à la fois par une forte demande d’informations, de conseils éducatifs et par l’impossibilité d’en établir une définition conceptuelle.
En effet, chaque cas est unique. Les trajectoires développementales dépendent des personnes et des environnements sociaux.
De plus, comme pour les jeunes enfants, les problématiques de l’adolescence évoluent rapidement. Elles nécessitent donc une prise en charge rapide.
Malgré cela, les théories élaborées en psychologie ont amené à un certain nombre de pratiques spécifiques.
Le traitement précoce des pathologies évite la cristallisation de comportements inadaptés et l’installation de bénéfices secondaires.
L’adolescence est l’âge où le complexe familial s’élargit vers l’extérieur. Il est également celui de l’expérimentation et du changement.
Les changements physiologiques de la puberté
De nombreuses angoisses concernent le bouleversement physiologique de l’organisme.
Le corps se modifie profondément. Il réagit de manière totalement différente aux stimulations.
Mais ces changements dépendent du sexe de la personne et de son environnement.
Il faut d’ailleurs noter que si une évolution précoce est valorisée pour les garçons, sa perception sociale est défavorable pour les filles.
A partir de 11/12 ans, les jeunes sont souvent très fatigués. Les organes internes grossissent plus vites que le reste du corps, au même titre que les marqueurs sexués. Ces changements physiologiques entraînent angoisses et incompréhensions.
De même, les taux d’hormone élevés provoquent des désordres émotionnels. Certaines zones du cerveau (par exemple le cortex frontal), ne sont pas encore totalement développées. Les capacités de concentration sont limitées.
Le développement cognitif
L’épistémologue Jean Piaget fut le premier à détailler et définir les compétences spécifiques des adolescents.
La principale caractéristique de ce mode de pensée intermédiaire concerne le raisonnement expérimental.
« Avec la capacité de raisonner sur de pures hypothèses, un Nouveau Monde naît alors, celui des possibilités simplement logiques, que tout adulte à découvert un jour ou l’autre », Jean Piaget.
A l’école, les jeunes apprennent à réfléchir sur des idées abstraites, détachées des perceptions réelles.
De même, on constate une forte augmentation des connaissances. Plus spécifiquement, les habiletés portent sur le fonctionnement de la société.
Il est évident que les compétences cognitives et sociales interagissent entre elles. Les bénéfices obtenus dans un domaine vont avoir des répercutions sur l’autre.
Les capacités de jugement moral conditionneront l’intégration et la faculté de changement pour toute la vie.
Il est donc important de fournir aux adolescents des outils d’adaptation et de réflexion efficaces, qui lui permettront de se construire de façon équilibrée.
Ainsi, en thérapie, le psychologue privilégie une stratégie visant l’amélioration des conditions environnementales et sociales.
Bien sûr, l’influence des parents est également déterminante dans le processus de décentration.
La quête de l’identité
La relation aux pairs prend une place prépondérante à l’adolescence.
Les liens d’amitié qui se tissent à cet âge sont bénéfiques à la décentration et à l’accroissement des compétences sociales.
La construction identitaire se fait dans le groupe, mais ce dernier peut également être le lieu de conduites déviantes. Il reste néanmoins positif de manière générale, car il permet l’intégration des normes.
La construction identitaire passe par le développement des représentations de soi. L’adolescent acquiert davantage d’autonomie. Il devient plus attentif aux appréciations des pairs et des adultes qu’il côtoie.
Un autre concept important concerne l’estime de soi. Cette dernière est déterminante en milieu scolaire, car les élèves se confrontent constamment aux risques des évaluations comparatives et de la compétition.
L’exemple du « souffre douleur » montre combien la qualité des relations est primordiale.
Un niveau d’estime suffisant est capital pour le développement des représentations de soi.
Adolescence et crise
Dans ses travaux, le psychanalyste et théoricien Erik Erikson a mis en évidence les facteurs déterminant de la crise de l’adolescence.
Selon lui , pour construire une identité réalisée, les futurs adultes doivent traverser une étape qu’il définit comme un moratoire.
« Un moratoire est une période de délai accordé à quelqu’un qui n’est pas encore prêt à faire face à une obligation ou imposé à celui qui aurait besoin de prendre son temps […] C’est une période caractérisée par une marge d’options diverses, accordées par la société et par un comportement ludique provocateur de la part des jeunes, comportement qui conduit souvent cependant à un engagement profond encore que passager chez ces mêmes jeunes, et se termine du côté de la société, par une confirmation plus ou moins solennelle de cet engagement » ; Erik Erikson.
Il est donc important d’accompagner les adolescents dans cette étape difficile. Par exemple, la thérapie se focalisera sur le dépassement des identifications qui pourraient conduire à une personnalité forclose.