Le terme thérapie regroupe un ensemble de méthodes pour le traitement de symptômes psychiques ou somatiques. Son efficacité repose sur la qualité de la relation thérapeutique.
On distingue par exemple les thérapies qui visent la disparition d’un ou plusieurs symptômes et celles qui se centrent sur une amélioration globale de l’équilibre psychique.
Les critères de la guérison varient donc selon les objectifs de départ. De même, les psychothérapies prennent des formes diverses, car elles sont orientées par l’environnement.
- GÉNÉRALITÉ
La démarche thérapeutique repose sur l’expérience du thérapeute et sur les principes théoriques de sa pratique.
Pour ma part, je privilégie une approche pragmatique et constructiviste, centrée sur la demande, plutôt que sur un modèle unique.
Les objectifs de départ sont établis de façon conjointe. Le contrat initial est donc une étape cruciale. Elle repose sur l’écoute, la neutralité bienveillante et l’empathie.
Les bénéfices de la rencontre dépendent du lien construit au fur et à mesure des séances. Par exemple, les symptômes de transfert sont des résistances naturelles, qui proviennent du désir de changement.
« Vivre en conflit avec le monde et, en particulier, avec les autres hommes, voila qui est à la portée du premier venu, mais sécréter le malheur tout seul, dans l’intimité de son for intérieur, c’est une autre paire de manches. On peut toujours reprocher son manque d’amour à son partenaire, attribuer les pires intentions à un patron ou mettre sa propre mauvaise humeur sur le compte du temps qu’il fait – mais comment s’y prendre pour faire de soi-même son pire ennemi ? » P. Watzlawick, 1983
La principale tâche du psychologue consiste à rester attentif, à accepter tout ce qu’on lui apporte. Mais certaines situations demandent une participation plus directe :
- C’est le cas de l’entretien d’anamnèse, pour obtenir un maximum d’informations.
- Les thérapies d’enfants sont également spécifiques, car ils n’expriment pas toujours clairement leur acceptation.
- Pour les jeux de rôle et les médiations, une interaction plus active est parfois nécessaire.
Plusieurs cadres théoriques pour une même thérapie ?
Les stratégies évoquées précédemment prennent deux formes distinctes. Soit le psychologue conseille, soit il écoute et s’instruit d’un autre savoir.
Il existe une contradiction entre accepter la souffrance et formuler un changement. Mais ces deux principes ne sont pas antagonistes. Je les vois plutôt comme des modèles emboités, qui diffèrent selon le point de vue.
Article 23 du code de déontologie
« La pratique du psychologue ne se réduit pas aux méthodes et aux techniques employées. Elle est indissociable d’une appréciation critique et d’une mise en perspective théorique de ces techniques. »
1) Le changement en psychanalyse
La psychanalyse se vit comme un voyage intérieur, long et indéterminé. Il est donc probable que le changement s’éprouve, bien avant qu’il ne se voit.
Les bénéfices se centrent sur le réaménagement des déterminismes inconscients.
On y apprend à se connaitre, notamment par l’interprétation des rêves et des actes manqués.
Cette démarche thérapeutique est utile :
- Avec les enfants, car l’inconscient se révèle dans les activités de jeu et de dessin.
- Mais aussi en face à face, car une thérapie de soutien fait appel à la communication non verbale et à l’empathie.
2) Le changement dans les thérapies comportementales et cognitives
De nombreuses thérapies sont limitée dans le temps. Le recours à l’introspection est donc moins important que pour une psychanalyse.
Ce type de traitement intéresse les personnes qui attendent des réponses concrètes, qui éprouvent le besoin d’être soutenues dans leurs choix.
Une dizaine de séances hebdomadaires est parfois nécessaire pour modifier l’appréciation d’une situation complexe.
Enfin, le recours à des TCC plus directives peut être privilégié, pour des signes cliniques plus localisés. C’est par exemple le cas pour les pensées négatives, les troubles compulsifs, l’anxiété et la dépression.
- ENFANTS
Bien que les principes théoriques de la psychanalyse reposent sur l’étude des premiers mois de la vie, les thérapies d’enfants ne sont apparues que tardivement, bien après celles des adultes.
A partir de là, cette période est apparue comme une étape cruciale pour la guérison ou du moins la non-aggravation des symptômes.
La psychologie contemporaine offre plusieurs alternatives, selon qu’il s’agisse de difficultés relationnelles, de trouble des apprentissages ou d’opposition (mécanismes de réactance).
La psychanalyse des enfants
On a longtemps considéré que cette méthode ne s’appliquait pas à un psychisme en construction. En effet, on peut se demander par quels moyens un enfant pourrait avoir recours à l’introspection ?
Les jeunes ne communiquent pas toujours leurs sentiments, cachent leurs angoisses, même si elles sont souvent plus importantes que chez les adultes.
Pionnière dans le domaine, Anna Freud considère qu’avant l’adolescence, l’idéal du moi est encore trop faible et qu’une névrose de transfert ne peut pas s’installer. C’est pour cela que les thérapies d’enfants se sont limitées à rééduquer, sans traiter les causes profondes des troubles.
« Je voudrais gronder tout le monde. Et surtout mettre maman au coin ! » Melanie Klein.
Interdire et redresser les comportements représente toujours une finalité dans l’idée que l’on se fait de l’enfance. Il semble toutefois que cette méthode ne produise que des bénéfices temporaires.
Plus proche, Melanie Klein considère que seule une analyse similaire aux adultes peut conduire à une disparition durable des symptômes. Elle élabore ainsi une thérapie basée sur le jeu et sur la tendance à la répétition.
« Par le jeu, l’enfant traduit sur un mode symbolique ses fantasmes, ses désirs, ses expériences vécues. Ce faisant, il utilise le même mode d’expression archaïque et phylogénétique, le même langage, pour ainsi dire, qui nous est familier dans le rêve » Mélanie Klein.
En contradiction avec Anna Freud, Melanie Klein a développé des principes qui sont toujours valides :
- Le complexe d’œdipe et le surmoi apparaissent dès les premières années.
- L’intériorisation des interdits parentaux suscite une forte culpabilité.
- Il existe chez les enfants un contact étroit entre l’inconscient et le conscient. Cette proximité autorise des bénéfices thérapeutiques rapides.
Le bilan psychologique et la thérapie cognitive
La thérapie comportementale cognitive (TCC) concerne essentiellement les adolescents et les adultes. Toutefois, elle peut dans une certaine mesure convenir à de jeunes enfants.
Dans ce cas, un bilan psychologique est généralement nécessaire au préalable. Ce dernier permet de cibler les apprentissages dysfonctionnels et de proposer une stratégie adaptée.
Les TCC sont également efficaces pour les pensées automatiques, les croyances erronées, les gestes compulsifs…
L’intervention est limitée dans le temps et son avancée régulièrement vérifiée. Le cadre thérapeutique peut donc paraître plus rassurant, car le psychologue supervise la progression.
Un autre exemple de thérapie cognitive concerne les déficits attentionnels et plus généralement les troubles « dys« .
Les séances de remédiation sont adaptées aux apprentissages scolaires, car elles empruntent le matériel des orthophonistes, des psychomotriciens. Mais un entraînement soutenu est nécessaire, pendant plusieurs mois.
Proposer des méthodes de travail nouvelles permet de rompre avec la spirale de l’échec. Ainsi, l’élève s’appuie sur des compétences maîtrisées et pour la première fois, il progresse.
Pour finir, il est important de préciser que les TCC sont actuellement influencées par des recherches de neuropsychologies. Par exemple, le phénomène de neuroplasticité de l’esprit offre de nouvelles perspectives.
Cette approche fonctionnaliste considère qu’il existe plusieurs façon pour acquérir un apprentissage et qu’il convient donc de susciter la voie la plus appropriée.
La médiation thérapeutique
La médiation est une démarche largement répandue. Cette méthode utilise des supports culturels ou artistiques. Elle permet aux enfants d’extérioriser les conflits psychiques.
Le moyen le plus utilisé reste encore le dessin. Mais le choix du matériel est prépondérant, car les afférences physiologiques mobilisées ne sont pas les mêmes.
Un peu comme un objet transitionnel, les activités médiatisés offrent un lieu à mi-chemin entre individualités et collectif, entre réel et imaginaire.
La thérapie de guidance parentale
Cette pratique est adaptée pour soutenir les parents dans leurs rôles d’éducation.
La thérapie concerne l’ensemble de la famille. Elle se centre sur les problèmes communicationnels qui émergent entre tous les membres.
En effet, il est plus facile de parler en présence d’un intervenant externe, qui joue le rôle de médiateur. De plus, par son regard objectif, il valide et entérine le contenu des messages transmis.
La présence du thérapeute évite les débordements émotionnels qui conduisent à un échec en situation ordinaire.
« On ne peut pas communiquer : tout comportement est une communication »
Les séances systémiques soulagent les souffrances familiales et restaurent son équilibre. Ce courant de pensée développé par Paul Watzlawick est à l’origine de plusieurs axiomes :
- Il existe deux modes de langage : digital (verbal) et analogique (non verbal). Dans une communication, il convient de prendre en compte le ton, les gestes, la position, l’hyperexpressivité.
- La ponctuation du discours, quand les interlocuteurs ne s’écoutent pas : De nombreux désaccords viennent du fait qu’il est très difficile d’entendre, surtout lorsque l’on défend son point de vue.
- Paradoxe et double lien : ce mode d’interaction est très présent dans l’univers des enfants, car les rapports de domination sont fréquents. les demandes contradictoires ne peuvent être résolues.
« Les êtres humains utilisent deux modes de communication : numérique et analogique »
- ADOLESCENTS
L’adolescence se caractérise par une forte demande d’informations, de conseils éducatifs et par l’impossibilité d’en établir une définition conceptuelle.
En effet, chaque cas est unique. Les trajectoires développementales dépendent des personnes et des environnements sociaux.
De plus, comme pour les jeunes enfants, les problématiques évoluent très vite. Elles nécessitent donc une prise en charge rapide.
Le traitement précoce des signes cliniques évite la cristallisation de comportements inadaptés et l’installation de bénéfices secondaires.
En définitive, l’adolescence est l’âge où le complexe familial s’élargit vers l’extérieur. Il est également celui de l’expérimentation et du changement.
Les changements physiologiques de la puberté
De nombreuses angoisses concernent le bouleversement physiologique de l’organisme.
Le corps se modifie profondément. Il réagit de manière totalement différente aux stimulations.
Les changements dépendent du sexe de la personne et de son environnement.
A partir de 11 ou 12 ans, les jeunes sont très souvent fatigués. Les organes internes grossissent plus vites et les marqueurs sexuels émergent. Ces changements physiologiques entraînent angoisses et incompréhensions.
De même, un taux d’hormone élevé provoque des désordres émotionnels. Certaines zones du cerveau (par exemple le cortex frontal) ne sont pas encore développées et les capacités de concentration demeurent donc limitées.
Le développement cognitif
L’épistémologue Jean Piaget fut le premier à définir les compétences spécifiques des adolescents.
La principale caractéristique de la démarche piagétienne concerne l’expérimentation.
« Avec la capacité de raisonner sur de pures hypothèses, un Nouveau Monde naît alors, celui des possibilités simplement logiques, que tout adulte à découvert un jour ou l’autre », Jean Piaget.
A l’école, les jeunes apprennent à réfléchir sur des idées abstraites, détachées des perceptions. Les habiletés sociales sont également prépondérantes.
Mais il est évident que les compétences cognitives et sociales interagissent entre elles. Ainsi, les bénéfices obtenus dans un domaine vont avoir des répercutions sur l’autre.
Il est donc important que les adolescents acquissent des outils d’adaptation et de réflexion efficaces, qu’ils se construisent de façon équilibrée, que se soit d’un point de vue cognitif ou social.
La quête de l’identité en thérapie
La relation aux pairs prend une place prépondérante à l’adolescence.
Les liens d’amitié qui se tissent sont bénéfiques à la décentration et à l’accroissement des compétences sociales.
En effet, de nombreux apprentissages se font dans le groupe. Mais ce dernier peut également être le lieu de conduites déviantes. Il reste néanmoins positif de manière générale, car il permet l’intégration des normes.
La construction identitaire passe par le développement des représentations de soi. L’adolescent acquiert davantage d’autonomie. Il devient de plus en plus attentif aux appréciations des pairs et des adultes.
Un autre concept important concerne l’estime de soi. Cette dernière est déterminante à l’école, car les élèves se confrontent aux risques des évaluations et de la compétition.
L’exemple du « souffre douleur » montre combien la qualité des relations est primordiale en milieu scolaire.
Un niveau d’estime suffisant est capital pour le développement des représentations de soi. C’est d’ailleurs un point capital à travailler en thérapie.
Adolescence et crise
Dans ses travaux, le psychanalyste et théoricien Erik Erikson met en évidence les principaux facteurs de la crise de l’adolescence.
Selon lui , pour construire une identité réalisée, les futurs adultes traversent une étape qu’il définit comme un moratoire.
« Un moratoire est une période de délai accordé à quelqu’un qui n’est pas encore prêt à faire face à une obligation ou imposé à celui qui aurait besoin de prendre son temps […] C’est une période caractérisée par une marge d’options diverses, accordées par la société et par un comportement ludique provocateur de la part des jeunes, comportement qui conduit souvent cependant à un engagement profond encore que passager chez ces mêmes jeunes, et se termine du côté de la société, par une confirmation plus ou moins solennelle de cet engagement » ; Erik Erikson.
Il est donc important d’accompagner les adolescents et de les préparer à cette expérience initiatique. Par exemple, la thérapie se focalisera sur les identifications qui favorisent une personnalité autonome.
L’objectif est de construire une identité conforme à leur nature et à leurs aspirations de réussite professionnelle.
- ADULTES
Les pathologies de l’âge adulte sont multiples. De même, il existe de nombreuses approches thérapeutiques. Citons par exemple les courants humaniste, comportemental, psychanalytique, systémique, social.
Mais en thérapie, la question théorique est rarement abordée. Il est toutefois important de communiquer sur la formation des professionnels et sur les outils qu’ils utilisent.
Demandes principales de l’âge adulte
Les demandes se groupent principalement en deux types : le suivi thérapeutique et l’expertise psychologique.
-
Les psychothérapies
Les personnes qui s’adressent à un psychologue sont en crise, elles affrontent une impasse subjective.
Elles souhaitent améliorer leur condition de vie, trouver une solution, surmonter une dépression.
Plus généralement, elles attendent de se confier, sans risques de jugement ni conséquences sociales.
Le problème rencontré peut être interne, ou relatif à l’environnement (situations pathologiques, difficultés communicationnelles…).
Mais en pratique, ces deux facteurs sont habituellement liés et interdépendants. Il est toutefois plus facile de changer son propre comportement que celui des autres.
2. L’expertise psychologique
En dehors de ses qualités humaines, le psychologue est également en charge de formuler un avis médical.
Les compte-rendu sont variées :
- Les bilans cognitifs évaluent les aptitudes à tous types de tâches.
- En cas de maladies ou d’accidents (AVC, perte de mémoire, diminution des capacités fonctionnelles), un compte rendu permet de quantifier les comportements déficients.
- L’expertise apporte un éclairage technique et objectif dans les cas d’affaires civiles ou pénales.
Le choix d’une thérapie
Déterminer un type de thérapie est une question qui peut paraître illusoire.
En effet, chaque thérapeute développe ses propres techniques, au fil de son expérience.
De plus, on consulte souvent ces professionnels sur les conseils d’un proche. On espère à priori trouver le même type de prestation.
Cependant, une thérapie ne devrait jamais être imposée, car elle dépend avant tout des spécificités cliniques et des objectifs attendus.
Il semble donc primordial de renseigner et d’obtenir un consentement libre et éclairé avant de commencer une thérapie.
Dans le cas où la demande n’est pas conforme à ses compétences, le psychologue doit être en mesure de vous orienter vers un autre praticien.
-