L’expression test HPI (Haut Potentiel Intellectuel) fait partie du langage commun. Elle fait référence à des qualités exceptionnelles, peut-être à des conduites inadaptées.
Je propose cet article dans le but de renseigner les utilisateurs, sur les démarches d’évaluation réalisées en cabinet.
Je reçois en effet des personnes souvent mal renseignées. De plus, chaque psychologue élabore une pratique différente et il est difficile de s’y retrouver.
Il s’agit donc simplement de ce que je suis en mesure de proposer et dans quel but. Je ne peux en effet donner des informations par téléphone et je regrette souvent de ne pouvoir aider les personnes que je reçois.
Le diagnostic avec un test HPI
J’utilise le terme « diagnostic », car c’est une expression commune, mais qui ne correspond pas au travail du psychologue. Pour ma part, je préfère parler de « profil cognitif » ou de caractéristiques, car :
- Un diagnostic est un terme médical, réservé aux médecins. En France, un psychologue ne peut donc pas poser de diagnostic. Il se contente d’observer, de tester, de décrire une certaine réalité et surtout d’envisager une amélioration.
- Le HPI n’est pas une maladie, et je ne pense pas que le diagnostic existe. D’ailleurs les critères de détermination ne font pas l’unanimité. Il n’y a donc pas de thérapie envisageable, sauf peut être pour les cas de dyssynchronie. Les enfants HPI sont orientés vers des classes spécialisées, sautent des classes.
L’évaluation de l’intelligence
Les premières mesures de l’intelligence débutent avec le test Binet-Simon, en France en 1905. Ce test établi un age mental afin de détecter les enfants en difficulté scolaire. Aujourd’hui on parle de retard mental ou de déficience.
Cette approche est différente de celle que propose le milieu scolaire. L’age mental distingue les compétences (ce qu’une personne est capable de faire) et les performances (ce qu’elle fait concrètement).
Les echelles de Wesler succédent au test Binet, qui ne s’applique qu’aux enfants. Elles intégrent les résultats des recherches actuelles et les retours des praticiens. les psychologues disposent des traductions éditées par Peason clinical :
- WPPSI-IV : pour les enfants de 2 ans 6 mois à 7 ans 6 mois
- WISC-V : pour les enfants et adolescent de 6 ans à 16 ans 11 mois
- WAIS-IV : de 16 ans à 79 ans 11 mois
Ces échelles sont très utilisées, sans doute car elles répondent à des critères de fiabilité, mais surtout car elles sont simples et rapides. De plus, elles sont largement partagées par un ensemble d’intervenants médicaux , scolaires et d’éducation.
Les différentes mesures
Les tests d’intelligences permettent d’apprécier l’ensemble des forces et faiblesses cognitives, ainsi que leur équilibre. Par exemple, le WISC-V comprend 15 tests différents. Parmi cela, 10 sont indipensables et 7 sont utilisés pour le calcul du QIT. Les 5 autres sont rarement proposés (sans doute par économie de temps), mais ils apportent des informations complémentaires, en regard des récents travaux de neuropsychologie.
Le WISC ne fournit cependant que des résultats succints. Par exemple, on n’obtient que très peu d’informations sur la nature des troubles observés, sur le TDAH.
Ce n’est donc pas une panacée, mais une mesure simple, qui se décompose en 5 indices : les compétences verbales, visuospatiales, conceptuelles, la vitesse de traitement et la mémoire de travail.
Pour ma part, je trouve par exemple que l’indice mémoire de travail ne permet pas de distinguer l’efficience des traitements spatiaux et langagiers.
De même, il existe d’autres tests plus à même de distinguer l’efficience des processus séquentiels et simultanés. Par exemple, le K-ABC modélise plus clairement les intéractions entre les deux hémisphères (visuel et langagier).
Enfin, les matrices de Raven sont couramment utilisée pour déterminer le niveau d’intelligence fluide. Il s’agit de test souvent employés dans le milieu professionnel, basé sur la compréhension d’une sucession de formes logiques.
La résolution des matrices allient les capacités visuospatiale et la conceptualisation. Plus simplement, il s’agit d’une mesure du facteur G, qui associe intelligence et profil génétique.
Les idées reçues sur le test HPI
Le test HPI présente des limites. Je rappelle ici quelques notions qui me paraissent inexactes, ou du moins ne reflètent pas systématiquement la présence d’un profil cognitif particulier.
- « je suis hypersensible » : ce terme est difficilement compréhensible en psychologie, car il est trop général, et peu descriptif. C’est une expression du jargon paramédical, sans aucun fondement scientifique. Je rajoute qu’une association avec un test HPI ne présente que peu d’intéret, hormis peut être celui de la facturation…
- le trouble oppositionnel : On imagine facilement que des personnes intelligentes supportent mal la lenteur et l’absurdité de ce monde matériel, rempli de contraintes et de pratiques culturelles insensées. Cependant, si cette particularité se vérifie parfois, elle est loin de faire l’unanimité. Pour ma part, c’est plutôt le contraire que j’observe. il existe d’ailleurs plusieurs définitions différentes de l’ntelligence. Certains auteurs soulignent la capacité de « s’adapter au changement » (Stephen Hawking), d’autres les mécanismes de la sélection naturelle. Par exemple, pour Varela, « l’intelligence est la capacité d’entrer dans un monde de significations partagées ».
- Le trouble de la cohérence centrale et la dysharmonie : Ces deux termes présentent des observations similaires, mais évoquent des tableaux cliniques différents. Ils témoignent d’une forte disparité entre les domaines de la pensée. C’est par exemple le cas pour le syndrome d’asperger. De même, si une dysharmonie est parfois constatée dans les HPI, elle peut être la conséquence d’un retard de maturation. Ce dernier point rappelle l’importance d’un bilan cognitif détaillé. On peut par exemple supposer qu’avec la présence d’un déficit important, ce dernier est compensé par l’utilisation excessive d’autres compétences. Plus clairement, je vous propose l’analogie avec une personne aveugle, qui va surdévelopper le recours à l’audition.
Les critères d’inclusion au profil HPI
Comme j’ai essayé de l’expliquer, des compétences langagières élevées ne sont pas forcément caractéristiques d’un profil HPI. Elles peuvent être la conséquence d’une pathologie sous-jacente. De même, l’instabilité des réponses émotionnelles, des crises de colère ou d’angoisse, sont des symptômes psychologiques ou psychosociaux. Faire un lien avec des capacités cognitives est toujours très aléatoire, encore une fois non significatif d’un HPI.
Je vous propose ici quelques critères qui me semblent déterminants ou représentatifs lors de la réalisation d’un test HPI :
Il existe différents modèles de la douance. Par exemple, la théorie élaborée par Sternberg met l’accent sur la présence d’au moins une qualité exceptionnelle, ainsi que sur son application concrète.
Pour ma part, le modèle de Renzulli présente l’avantage d’allier les observations cliniques, les données d’anamnèse et les résultats des passations. Il se compose de trois composantes et est très utile pour les bilans d’enfants et d’adolescents :
- l’implication : la personne présente de l’intérêt pour les autres, de l’empathie. Elle est motivée pour s’investir socialement ou dans diverses activités.
- la créativité : cette notion regroupe de nombreuses observations, notamment l’envie de résoudre des problèmes, de trouver des solutions, d’adapter des objets aux défis quotidiens.
- Les aptitudes intellectuelles élevées : il s’agit de l’adaptation des diverses fonctions cognitives mesurées notamment par le WISC.
L’interprétation des résultats du WISC-V
Le WISC ne fournit qu’un nombre limité de données chiffrées. Il est important de les interpréter en fonction de l’hypothèse de départ et surtout du but thérapeutique (la demande qui motive la consultation).
Ainsi, aucune donnée n’est significative ou représentative en elle-même. C’est toujours le contexte de passation qui permet de donner du sens aux résultats quantitatifs. Malgrès cela, certains critères apparaissent caractéristiques :
- L’ensemble des fontions sont élevées et harmonieuses. Il est généralement admis q’un profil HPI se caractérise par un score QIT supérieur à 130.
- On observe parfois un écart significatif entre les processus abtraits ou langagiers et les traitements perceptifs, davantage dépendants du niveau de maturation corporelle.
- Des compétences cognitives plus faibles (indice mémoire de travail). Ce point n’est pas systématique, mais étant donnée que les capacités cognitives représentent l’aspect fonctionnel, elles sont moins représentatives du niveau d’intelligence.
- Lors de la passation, les épreuves sont réalisées avec plaisir et rapidité. On remarque souvent des spécifictés dans les stratégies mentionnées pour les résolutions.
- La Mémorisation est également rapide, de même pour les capacités d’apprentissages. Cependant, on observe parfois des spécificités lors de l’encodage spatial, par exemple pour la figure de Rey.
- Enfin et encore une fois, c’est l’ensemble des informations qui doit être pris en compte. Un test HPI fournit des informations provisoires. Par exemple, il est réalisé pour savoir si un enfant doit sauter une classe, s’il est possible de lui proposer des apprentissages plus adaptés.